Image caption: Donghua Li's story is retold at the top of
Mount Titlis (swissinfo)
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Légende photo: Le Titlis, visitable en toute saison: les touristes chinois sont de plus en plus nombreux à y chercher de belles vues (swissinfo)
C'est au sommet du Titlis dans le canton de Lucerne que Donghua Li a su qu'il deviendrait champion olympique en gymnastique. Depuis, c'est un lieu de pèlerinage pour les nombreux touristes chinois de Suisse.
Le sportif suisse d'origine chinoise Donghua Li se trouvait au sommet du Titlis lorsqu'il a «vu» la figure d'un Bouddha assis sur un sommet inaccessible et baigné le lumière.
Il l'interpréta comme un signe: malgré les défis à relever, le jeune homme sut qu'il pouvait gagner une médaille d'or aux Jeux Olympiques. Et c'est bien ce qui est arrivé, en 1996 à Atlanta, où le gymnaste naturalisé gagna dans sa discipline, le cheval d'arçons.
Aujourd'hui, le Titlis est le sommet le plus visité par les touristes chinois de passage en Suisse. Le conte de fées de Donghua Li fait aussi partie de la stratégie chinoise des responsables du tourisme de la région.
Le nombre de touristes chinois en Suisse centrale n'a cessé d'augmenter durant la dernière décennie. Mais la Suisse s'attend à un fléchissement cette année, en raison des Jeux olympiques au mois d'août. De nombreux Chinois resteront au pays pour suivre les compétitions.
Les responsables du tourisme lucernois comptent sur une année 2009 plus prospère. Un volet de leur stratégie consiste à se faire connaître directement à Pékin pendant les J.O.
«House of Switzerland»
Lucerne et la région du lac de Lucerne sont en effet les hôtes de la «House of Switzerland» au Parc des Expositions à Pékin. En 2006, lors de Jeux d'hiver à Turin, le Valais avait étrenné cette nouvelle coutume en étant au centre de l'exposition suisse.
L'Office du tourisme lucernois, les milieux économiques, la ville, le canton et la Conférence des directeurs de l'économie publique de Suisse centrale investissent au total 3 millions de francs dans l'exposition de la Maison suisse (sur un budget total de 4,6 millions) pour promouvoir Lucerne, sa région et la marque «Switzerland.
Des partenaires tels que Nestlé, UBS ou Victorinox se sont associés au projet. Tous versent une contribution de 100'000 francs.
Fort potentiel
«Le Lac des Quatre-cantons permet aux touristes effectuant le tour des curiosités européennes d'avoir une dose concentrée de Suisse», a expliqué Marcel Perren, directeur du Tourisme lucernois, à swissinfo.
Selon lui, la région, avec un centre historique urbain, un lac et des montagnes dans un espace restreint, correspond particulièrement bien aux Chinois. «Pour eux, c'est l'essence même de la Suisse: des produits de qualité, de beaux paysages, du shopping et de la culture.»
Un tiers des touristes chinois venant en Suisse séjournent à Lucerne ou au bord du Lac des Quatre-cantons. C'est leur destination principale.
«A Pékin, nous voulons améliorer notre marketing afin que les Chinois se rendant en Europe et en Suisse trouvent la destination de Lucerne absolument incontournable», précise Marcel Perren.
En ville de Lucerne, le marché chinois est encore faible (3% de tous les visiteurs). Mais, avec le potentiel autorisé par une population de 1,3 milliard d'habitants, la ville espère un accroissement à la hauteur de ses espoirs.
«Le nombre de nuitées réalisées par des touriste chinois pourrait doubler ces prochaines années», selon Marcel Perren. En revanche, la Chine ne sera probablement jamais le premier pays d'origine des touristes en Suisse.
Samosas et nouilles
Dans la région du Titlis, l'entreprise Titlis Rotair, qui exploite notamment le téléphérique et plusieurs restaurants, magasins et hôtels, sait qu'il faut soigner les détails pour séduire les touristes chinois.
Ainsi, les panneaux de signalisation ont été traduits en chinois. Des hymnes chinois figurent au programme musical d'un diaporama et des stars de Bollywood font de la publicité pour des montres sur un poster décorant l'entrée du magasin du glacier.
Lorsque la saison bat son plein, des cuisiniers chinois, indiens et thaïs sont engagés dans les cuisines. L'après-midi, les touristes en quête d'encas n'ont le choix qu'entre des glaces et... des nouilles chinoises. En contrebas, un stand vend des samosas et du thé masala.
Adieu le style montagnard
«Nous essayons de ne pas être démodés et de sortir du style helvético-montagnard», explique André Küttel, directeur du marketing de Titlis Rotair, l'un des partenaires de la Maison Suisse à Pékin.
«Beaucoup de gens rêvent du gigantesque marché chinois qui va envoyer tant de touristes. Pour nous, c'est déjà une réalité, ajoute le responsable. Mais nous voulons renforcer notre position et être encore mieux connus.»
Le succès de la région de Lucerne s'explique aussi, selon André Küttel, par la possibilité qu'ont les voyagistes chinois de vendre différentes excursions. De plus, les touristes de l'empire du milieu peuvent y assouvir un de leurs besoins fondamentaux: le shopping!
Acheter une montre
«Le cor des Alpes, ça n'intéresse pas les Chinois, dit le directeur. Ils trouvent ça joli à regarder mais ce qui les intéresse, c'est de rentrer d'Europe avec des objets symbolisant leur statut, comme une montre suisse ou un sac Vuitton de Paris. Acheter une montre est une des principales raisons pour lesquelles les Chinois viennent en Suisse.»
Séjours plus longs
La «House of Switzerland» s'est fixée comme principal objectif d'attirer encore plus de touristes chinois et de les convaincre de rester plus longtemps. Des séjours plus longs permettraient d'élargir le cercle des bénéficiaires de la manne touristique.
«Nous devons nous diriger lentement mais sûrement vers un tourisme encourageant les séjours plus longs, c'est important, confirme Marcel Perren. Nous devrons certainement encore attendre quelques années avant d'y parvenir mais nous sommes sur la bonne voie.»
swissinfo, Jessica Dacey, Lucerne
(Traduction de l'anglais: Ariane Gigon) |